Le chène
Toc ! Des souvenirs traversent son esprit engourdi.
Il se revoit, jeune, disputant aux autres la place,
Puisant dans ses réserves pour occuper l’espace,
Voulant être de tous le plus beau, le plus dégourdi.
Toc ! Il se souvient des ses doux amis les oiseaux
Qui se réfugiaient sur lui quand soufflait la tempête.
Quand Eole est fâché, personne n’est à la fête.
Si lui résiste, au loin se courbent les fins roseaux.
Toc ! Il revoit tous ces hommes qui à lui sont venus
Qui pour s’abriter, qui pour réfléchir ou pour dormir
Bercés du murmure des feuilles que le vent fait frémir
Aussi bien paysans, que riches ou même parvenus
Toc ! Il voit tout autour de lui ses fils, fiers et forts
Comme lui, ils paraissent égratigner les blancs nuages
Il entend tout autour de lui des hommes en nages
Qui vaquent bruyamment sans ménager leurs efforts
Toc ! Que d’histoire il a vu, combien de lendemains ?
Il était jeune pousse, six cents ans en arrière,
Il en a connu des années douces ou amères…
Soudain il s’abat et les hommes frappent dans leurs mains.